
Nous en avons toutes un. Ce bijou qui nous accompagne chaque jour, dans les bons comme dans les mauvais moments, dont le contact sur la peau rassure et qui sert avant tout non pas à embellir mais à nous rappeler un être aimé ou un souvenir heureux. Le mien, c’est un bracelet en argent de la marque Roze. Et aujourd’hui, je vais vous conter son histoire.
Roze, c’est avant tout un savoir-faire Français. Une marque d’origine alsacienne, qui a pour vocation de créer des bijoux discrets et raffinés qui s’inspirent de la cathédrale de Strasbourg. Créée en 2018, cette entreprise locale dispose d’une boutique en ligne mais vend également ses créations dans quelques points de vente physiques, comme la bijouterie du magasin Printemps ou l’hôtel BOMA, rue du 22 Novembre.
Moi, j’ai découvert leurs parures quelques mois après leur mise en vente. La ville de Strasbourg, ma ville native, a toujours eu une place démesurée dans mon coeur. Et sa cathédrale, son emblème, a toujours été mon monument préféré. Pendant longtemps, mon plus grand rêve était d’en grimper les marches pour accéder à la plateforme qui surplombe la ville et avoir l’impression de ne faire plus qu’un avec les nuages.
Je suis immédiatement tombée amoureuse de leur motif. Prenez quelques secondes pour l’observer. C’est une rose, composée de seize pétales. Ou devrais-je dire… Une rosace. Une rosace très particulière à vrai dire, dont je connais les moindres aspects et surtout sa facilité déconcertante à répandre la lumière de manière douce et diffuse. Cette rosace, c’est le chef-d’oeuvre de la cathédrale de Strasbourg, conçue au 13ème siècle par Erwin de Steinbach.
Pourtant, je n’ai jamais sauté le pas et acheté leurs bijoux. Le désir de faire des économies, la gêne de dépenser pour se faire un cadeau à soi-même m’ont fait repousser mon achat encore et encore. Au fond, je crois que j’espérais que l’on me l’offre. Un bijou a toujours plus de valeur lorsqu’il est le messager de sentiments, n’est-ce-pas ?
Le destin est parfois surprenant. Alors que l’hiver et le froid s’emparaient doucement de la ville de Londres et que je rêvais de rentrer à la maison pour déambuler dans les allées du marché de Noël, la blogueuse Veralifestyle publie un concours sur Instagram pour remporter le bracelet Chloé. La condition de participation ? Décrire la ville de Strasbourg en commentaire. Armée de ma nostalgie et de mon amour des mots, je rédige une ode à ma ville.
Je reçois un message quelques jours plus tard m’invitant à récupérer mon lot directement en magasin. Je suis émue de savoir que j’aurais bientôt la chance de porter un bijou qui représentera mon attachement à ma région et à son patrimoine. Mais dès le lendemain, mon enthousiasme disparaît pour laisser place au choc et à la tristesse. Strasbourg est mortellement touchée par un attentat le 11 décembre 2018.
Lorsque j’apprends la nouvelle, je m’effondre à terre entre les rayonnages d’une librairie et perds connaissance. Les Anglais me réveillent à coup de « Are you alright darling ? », « Do you want a cup of tea ? » mais malheureusement, aucune tasse de thé ne pourra mettre fin à ce cauchemar. Je suis à l’étranger, loin des gens que j’aime et surtout sans nouvelles, impuissante. Je rentre en Alsace deux jours plus tard, dans une situation de désarroi total. Mes proches sont tous vivants. Mais cinq personnes sont décédées et onze autres ont été blessées.
J’ai peur d’aller au centre-ville. Peur de voir les amas de bouquets de fleurs faner, la flamme des bougies vaciller ou même s’éteindre. Peur d’oublier bien sûr mais peur aussi de ne plus pouvoir penser à autre chose en marchant dans les rues de mon enfance. Alors au moment de récupérer mon bracelet, l’idée m’apparaît comme une évidence. Je veux le mettre à mon poignet sur les lieux de l’attentat, en hommage aux personnes disparues.
Il n’a jamais quitté mon bras depuis le 14 décembre. C’est un bracelet qui représente non seulement mon attachement à ma ville natale, mais aussi l’amour que j’ai pour ma famille et mes amis. Il témoigne de mon intérêt pour le patrimoine et pour l’histoire de mon pays. Mais c’est avant tout un bijou que je porte pour avoir auprès de moi les cinq personnes qui ont perdu la vie ce jour-là et pour me rappeler que malgré tout, l’humanité subsiste. La quantité de messages de soutien qui nous sont parvenus depuis les quatre coins du globe et l’existence d’un lieu d’une telle beauté en sont la preuve. L’Homme est capable de grandes choses quand il fait preuve de fraternité.
Un bijou est un objet intime. Il se doit de refléter et de mettre en valeur notre personnalité tout en incarnant un souvenir ou une émotion qui nous est chère. Chloé, de la marque Roze, est en ce sens le bracelet idéal pour moi. Et vous, quel est le bijou que vous n’enlevez jamais et que représente-t-il à vos yeux ?

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