
Je souffre d’acné kystique depuis 2015. C’est apparu d’un coup, au sortir de l’adolescence, à la suite d’une dépression. Jusque là, ma peau avait toujours été parfaite et je débordais de confiance en moi. Du jour au lendemain, des boutons ont commencé à apparaître sur mon visage. D’abord sur les joues, puis plus tardivement sur la zone du menton et dernièrement en haut du cou. Par chance, l’acné ne s’est installée que sur mon visage, mon dos est resté vierge de toute imperfection.
Ma peau, une souffrance
Ma vie est devenue un cauchemar. Beaucoup d’entre vous liront ces lignes en se disant que j’exagère, que tout le monde a des boutons un jour ou l’autre et qu’il n’y a pas mort d’homme, que je suis de toute façon la seule à y prêter attention et à y accorder de l’importance. Sans doute. Mais ce serait omettre la douleur. L’acné kystique se distingue de l’acné classique par le fait que les boutons, qui apparaissent sous forme de nodules, sont douloureux. Et malheureusement, aucune crème et aucun soin n’ont jamais réussi à atténuer cela.
Pour autant, je ne vais pas minimiser la souffrance morale. Ma confiance en moi s’est doucement étiolée pour laisser place à la honte et à un sentiment de gêne permanent. Combien de fois m’est-il arrivé de décommander une sortie avec mes amis en prétextant un quelconque devoir ou un quelconque mal de tête par dégoût de moi-même et de ma peau ? À presque vingt-trois ans, l’acné me semblait également être un frein insurmontable pour ma carrière : j’avais le sentiment de ne pas être prise au sérieux, d’être perçue comme une enfant. En somme, je souffrais.
Le fond de teint est rapidement devenu mon meilleur allié, sans toutefois vraiment réussir à dissimuler les rougeurs et les cicatrices qui ne manquaient pas d’apparaître. C’était plus fort que moi : malgré toutes les recommandations de ma dermatologue et toutes les remontrances de ma mère, je me touchais sans arrêt le visage. Je passais de longues heures devant le miroir à scruter chaque défaut de ma peau, chaque point noir, chaque kyste et à haïr le visage que je voyais dans le reflet. Roaccutane est rapidement apparu comme la solution. Pourtant, il m’aura fallu près de cinq ans pour oser me lancer.
Roaccutane, qu’est-ce que c’est ?
Pour ceux d’entre vous qui ne savent pas vraiment de quoi il s’agit, Roaccutane est un traitement à base d’isotrétinoïne qui vise à traiter l’acné sévère. Il est prescrit par un dermatologue lorsque les traitements classiques à base d’antibiotiques n’y sont pas parvenus. La prise de ce traitement est très contraignante, car elle implique la prise d’une contraception et des tests de grossesse mensuels. En effet, pour prendre Roaccutane, le patient doit consentir à suivre un programme de prévention de la grossesse car le traitement provoque de graves malformations chez le foetus. Par ailleurs, les prescriptions étant limitées à trente jours, il faut se rendre chaque mois chez son dermatologue ou son médecin traitant pour renouveler la prescription.
C’est donc un investissement considérable en temps et en argent. Mais le plus dérangeant reste le nombre d’effets secondaires qui envahissent votre quotidien : dessèchement des lèvres, saignements de nez, fatigue chronique… rares sont d’ailleurs les témoignages qui ne se focalisent pas sur ce sujet. Si je ressentais de l’angoisse vis-à-vis de ça, l’envie de tester ce traitement a toujours été très forte. Je souffrais énormément de mon acné, à la fois physiquement et psychologiquement, et l’idée de m’en débarrasser et d’être enfin moi-même était très réconfortante. Alors pourquoi n’ai-je pas sauté le pas ?
Pourquoi attendre ?
En toute franchise, celle qui redoutait le plus ce traitement, c’était ma maman. Pendant près de trois ans, nous avons été en pourparlers à ce sujet, allant même jusqu’à l’affrontement. Elle était très bien renseignée sur les conséquences à court et à moyen termes de ce traitement et s’inquiétait notamment des répercussions psychologiques que Roaccutane peut entraîner. En effet, si le sujet fait beaucoup moins l’actualité ces dernières années, de nombreux procès ont été intentés par des parents dont les enfants s’étaient suicidés à cause des effets psychologiques de la prise de ce traitement. Ma maman, d’une bienveillance et d’une empathie sans égale, n’était pas favorable à ce que je prenne de tels risques dans la mesure où j’avais déjà souffert d’une dépression quelques années plus tôt.
Si le conflit avec ma mère me pesait beaucoup et a joué un poids incontestable dans la balance, ce n’est pourtant pas la seule chose qui me retenait. Au fond, je crois que j’avais tout simplement peur que le traitement échoue. Et si je restais comme cela toute ma vie ? À l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes le 31 Octobre 2020 et je suis sous traitement depuis maintenant deux mois. Soyez sans crainte, j’écrirai d’ici quelques jours un article à ce sujet pour vous confier mon ressenti et vous faire part de mon expérience.
En tout cas, je peux vous dire que je suis très heureuse d’avoir dépassé mes peurs pour débuter ce traitement. Parfois, l’appréhension nous paralyse alors que la peur elle-même est plus difficile à vivre que ce que nous allons affronter. Alors, quelle que soit votre crainte aujourd’hui, je vous en prie, mettez-vous en mouvement. Je vous promets que vous ne le regretterez pas.

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